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Abandon du franc CFA : est-ce le moment d’envisager l’introduction de nouvelles alternatives monétaires ?

Billets de francs CFA

Autre presse - 16/4/2025

Bassirou Diomaye Faye, le chef d’État sénégalais, ouvre la voie à une possible abolition du franc CFA. Trois options sont proposées pour garantir l’indépendance monétaire du Sénégal, allant de la création d’une monnaie commune au sein de la CEDEAO à l’introduction d’une devise propre au pays. Cette affirmation est faite alors qu’un débat sur l’avenir du franc CFA se tient, certains le rapproche comme un vestige de la Françafrique.On se souvient que cette vision faisait partie des engagements électoraux du président sénégalais il y a un an. Ce 4 avril 2025, à Dakar, le président Faye n’a pas seulement évoqué une réforme technique. Il a encore relancé, à sa manière, le vieux débat africain entre indépendance formelle et souveraineté réelle. Et il a laissé entendre que, pour le Sénégal de demain, battre monnaie ne sera plus seulement une expression figée — mais une option assumée.« Si on dit que le Franc CFA n’est pas une monnaie adéquate pour notre développement, c’est parce que tous les pays du monde ont trois principaux leviers de financement : la fiscalité, l’endettement et la monnaie », a exprimé le président sénégalais.Les propos du président sénégalais pourraient raviver les débats concernant l’accélération des réformes monétaires et l’établissement d’une monnaie unifiée.Cette initiative se déroule dans un cadre où divers pays d’Afrique de l’Ouest, comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso qui sont réunis au sein de la Confédération des États du Sahel (AES), cherchent aussi à consolider leur souveraineté monétaire. Pour rappel, le 11 février 2024, le Général Abdourahamane Tiani a assimilé l’abandon du franc CFA une étape de sortie de la colonisation. Le président de la transition du Niger a aussi évoqué la possibilité de créer une monnaie commune avec le Burkina Faso et le Mali.« La monnaie est une étape de sortie de cette colonisation, c’est un signe de souveraineté. Et, les Etats de l’AES sont engagés dans un processus de recouvrement de (leur) souveraineté totale… Il n’est plus question que nos Etats soient la vache à lait de la France », a martelé le Général Abdourahamane Tiani.Dans le même ensemble, les nations de l’AES mettent en œuvre des actions tangibles. Le 13 mars 2025, Assimi Goïta a déclaré l’établissement d’une banque d’investissement et de développement pour la Confédération des États du Sahel, avec un capital de départ de 500 milliards de francs CFA. Cette démarche conférera une force économique significative aux adhérents de la Confédération et leur offrira l’opportunité de faire des choix autonomes.Néanmoins, lors de la récente visite à Moscou des ministres des Affaires étrangères de la Confédération des États du Sahel, dans le cadre des consultations AES-Russie, la question du FCFA n’a pas manqué d’être soulevée. Le ministre nigérien des Affaires étrangères Bakary Yaou Sangaré a souligné une nouvelle fois qu’ils ne pouvaient « pas rester dans cette affaire de CFA ».Malgré les défis liés à la création d’une nouvelle monnaie, les leaders du Sahel sont déterminés à poursuivre leur projet, qu’ils considèrent crucial pour leur souveraineté et leur développement.Au-delà, si cette perspective souveraine se réalise dans un avenir proche, les autres nations préoccupées par l’abandon du franc CFA, tel que le Sénégal, auraient à y gagner en considérant l’idée de rejoindre l’AES sur ce sujet.Étant donné que le débat autour du FCFA perdure depuis des années, mais avec l’émergence de l’AES regroupant le Mali, le Burkina et le Niger, la prévalence de cette devise coloniale qui profite plus à Paris qu’aux nations qui s’en servent, devient de plus en plus manifeste. Dans ce contexte, il est nécessaire que les nations d’Afrique de l’Ouest mettent en place des dispositifs efficaces pour se défaire de cette devise néocoloniale et renforcer leurs économies sans l’influence de Paris. Youssouf Koné

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